L’essor du suprême Conseil du 33eme degré en France (1862-1894)

Au sommaire de cette page :

1 – Le bras de fer Magnan – Viennet
2 – Le début de la troisième République
3 – Le Convent de Lausanne
4 – Vers une dissidence des Loges symboliques du Suprême Conseil de France
5 – La création de la Grande Loge de France

 

Jean Pons Guillaume VIENNET (1777 – 1868)
Commandeur du S.C.D.F. (1860 – 1868)

1 – Le bras de fer Magnan – Viennet

Aussitôt nommé Grand Maître du Grand Orient de France par l’Empereur Napoléon III, le maréchal Magnan adresse, le 1er février 1862, un courrier au Grand Commandeur Grand Maître Viennet du  Suprême Conseil pour l’informer de sa nomination :

Or\ de Paris, le 1er février 1862 (E\ V\)

 

                        « Mon très cher et très illustre Frère,

     « L’Empereur, par décret du 11 janvier dernier, m’a nommé Grand Maître de tous les Maçons de France. Par cette nomination directe, l’Empereur reconnaît la société des Francs-Maçons qui, jusqu’à ce jour, n’avait été que tolérée ; et, en outre, Sa Majesté se déclare protectrice de l’Ordre, comme l’avait été son oncle l’Empereur Napoléon Ier, de glorieuse mémoire. Ma nomination, sans rien changer aux statuts de l’Ordre, à l’indépendance et à la liberté de l’Ordre maçonnique et de chaque maçon en particulier, m’a imposé des devoirs que je m’efforcerai de remplir.

     « Le premier et le plus important de ces devoirs est de réunir en un seul faisceau toutes les forces maçonniques et d’arriver à l’unité dans l’Ordre maçonnique en France. […] C’est donc dans ce but que j’ai l’honneur de vous inviter à demander aux Loges de votre Obédience à se réunir aux Loges du Grand Orient pour travailler dans les Ateliers de la rue Cadet et à vous fondre dans cette grande famille qui vous recevra à bras ouverts, et qui sera honorée de voir, grâce à votre influence, le schisme cesser.

[…]J’ai l’honneur de vous prier de recevoir, très cher et très illustre Frère, très bon et ancien camarade militaire, l’assurance de ma haute estime et de mon attachement fraternel.

                                                                                   « Le Grand Maître,

                                                                       « Signé : Maréchal MAGNAN »

 

C’est le début d’un bras de fer qui va opposer Magnan à Viennet pendant quatre mois :

  • Viennet répond immédiatement au premier courrier de Magnan : «… Nous sommes donc forcés, Monsieur le Maréchal, de demeurer tels que nous sommes, de travailler à part, à l’abri de la protection qui m’a été promise, jusqu’au moment où il conviendra à l’autorité publique de nous la retirer. » Il ajoute que face à cette menace sa sérénité reste totale : « Quant à ce qui me concerne personnellement, j’ai perdu des dignités plus importantes sans en perdre le sommeil ni la santé et je suis tout résigné à n’avoir plus d’autres obligations dans ce monde que l’usage de ma plume. »
  • Magnan adresse, le 30 avril, une circulaire aux présidents des ateliers du Suprême Conseil : « Un acte de haute et publique sympathie […] m’a confié la direction de l’universalité des Rites en France. […] Vénérables et Présidents de l’ex-Suprême Conseil, c’est de moi, c’est du Grand Orient de France que vous relevez. Réunissez vos Frères, prenez une décision, faites la moi connaître. […] Nos Temples vous sont ouverts, vous y serez accueillis avec tous les égards qui vous sont dus. »
  • Viennet demande audience à l’Empereur pour lui dire « qu’il tiendrait haut et ferme le drapeau du Rite Écossais et que, plutôt que d’accepter une fusion impossible, le Rite Écossais en France fermerait ses Temples ».
  • Magnan adresse le 23 mai un courrier « A l’Ill\F\ Viennet, ancien S\ G\ Com\ Gr\ Maître du Suprême Conseil» dans lequel il déclare regretter de ne pas avoir trouvé l’empressement aux sages dispositions de son décret du 30 avril. Il poursuit «  En présence de ces faits, mon devoir était tout tracé : il ne me restait qu’à dissoudre le pouvoir maçonnique dont vous étiez le chef. C’est ce que j’ai fait par le décret dont j’ai l’honneur de vous adresser la copie. A l’avenir aucune réunion du Suprême Conseil ne sera plus tolérée. J’ai la confiance que vous vous conformerez à cette décision, qui est l’expression de la volonté du gouvernement ».

Le Maréchal de France,

Grand Maître de l’Ordre Maçonnique

                            Signé : MAGNAN

 

Le T\Ill\F\ Viennet répond à cette sommation par la lettre suivante qui fut simultanément reproduite dans divers journaux :                                               

                                                                                               Paris, le 25 mai 1862

 

            « Monsieur le Maréchal,

     « Vous me sommez, pour la troisième fois, de reconnaître votre autorité maçonnique et cette dernière sommation est accompagnée d’un décret qui prétend dissoudre le Suprême Conseil du Rite Écos\anc\ et acc\. Je vous déclare que je ne me rendrai pas à votre appel et que je regarde votre arrêté comme non avenu.

     « Le décret impérial qui vous a nommé Grand Maître du Grand Orient de France, c’est-à-dire d’un rite maçonnique qui existe seulement depuis 1772, ne vous a point soumis l’ancienne Maçon\, qui date de 1723. Vous n’êtes pas en un mot, comme vous le prétendez, le Gr\ Maître de l’Or\ maçonnique en France et vous n’avez aucun pouvoir à exercer à l’égard du Sup\ Cons\ que j’ai l’honneur de présider ; l’indépendance des L\ de mon obédience a été ouvertement tolérée même depuis le décret dont vous vous étayez sans en avoir le droit.

     « L’Empereur seul a le pouvoir de disposer de nous. Si Sa Majesté croit devoir nous dissoudre, je me soumettrai sans protestation ; mais comme aucune loi ne nous oblige d’être Maç\ malgré nous, je me permettrai de me soustraire pour mon compte, à votre domination.

     « Je n’en suis pas moins, de votre dignité, Monsieur le Maréchal, le très humble et très obéissant serviteur.

                                                                                   « Signé : VIENNET. »

Puis il demande au T\Ill\F\ Genevay, Grand Orateur du Suprême Conseil de faire un exposé détaillé de la situation, incluant des aspects historiques, en Grande Loge Centrale, le 26 mai 1862. Celle-ci vote à l’unanimité moins trois voix, ses « remerciements au Sup\Cons\ de la conduite digne et calme qu’il a tenue en cette circonstance ». Du côté du Grand Orient de France, on n’entendra plus parler de cette affaire.

Bernard Pierre MAGNAN (1791 – 1865)
Grand Maître du G.O.D.F. (1862 – 1865)

Le Tableau général des maçons et des ateliers en activité sous l’Obédience du Suprême Conseil nous apprend[1] qu’en avril 1864 elle est riche de 58 Loges symboliques, de 14 Chapitres du 18e degré, de 3 Aréopages du 30e degré, de 1 Grand Conseil et Souverain Tribunal des Grands Juges Commandeurs du 31e degré et de 1 Grand Consistoire de Vaillants et Sublimes Princes du Royal Secret du 32e degré, l’ensemble représentant environ 2000 à 2500 Frères.

A partir de 1865, la crise frappe la Franc-maçonnerie française. Au Grand Orient de France, le maréchal Magnan décède le 29 mai 1865 et c’est le Grand Maître adjoint Lenglé qui va présider le convent de juin. Sur les sujets qui divisent les frères, la consultation des ateliers a conduit à des résultats largement conservateurs qu’il s’agisse de l’obligation de la croyance en Dieu, Grand Architecte de l’Univers et à l’immortalité de l’âme ou le maintien des Ateliers supérieurs (maintenus à une courte majorité). Le général Mellinet[2] est élu Grand Maître du G.O.D.F. et le Conseil de l’Ordre est entièrement renouvelé. L’environnement politique alimente les divisions. Les revues républicaines et laïques se multiplient. Les nouvelles générations de maçons sont le plus souvent antireligieuses. Théistes, déistes et athées s’opposent ouvertement. Bref, les maçons se réveillent. Le pape Pie IX met de l’huile sur le feu et déplore en consistoire secret le 25 septembre 1865 que la « secte maçonnique » n’ait pu être terrassée. Plusieurs évêques français profitent de l’occasion pour condamner la Franc-maçonnerie. La presse libérale s’en mêle. Le Grand Maître Mellinet a de plus en plus de mal à contenir les frères parisiens. Le convent de 1867 s’ouvre avec une participation record de 269 délégués[3]. Le Grand Maître rappelle les principes déistes de l’Obédience. La double appartenance (G.O.D.F.-S.C.D.F.) est autorisée. L’obligation d’inscrire sur les planches officielles « À la Gloire du Grand Architecte de l’Univers » est maintenue à une large majorité (73%).

Au Suprême Conseil, le T.Ill.F. Jean-Baptiste Guiffrey, Lieutenant Grand Commandeur décède à Paris le 8 mai 1865 et est remplacé par le T.Ill.F Bénédict Allegri. La première section vote une motion selon laquelle la croyance en Dieu et à l’immortalité de l’âme doit être laissée à la conscience individuelle et ne peut être l’objet d’une profession de foi collective. En 1867, on assiste à des dérives de Loges qui tentent par exemple comme « L’Écossaise 133 »[4] de supprimer la formulation « A la Gloire du Grand Architecte de l’Univers » ou qui sollicitent comme « Les Philanthropes Réunis », N° 66, l’autorisation de constituer des Loges féminines. L’avocat Meurizet prend le risque d’écrire dans Le Monde Maçonnique d’octobre 1867 : « L’organisation actuelle du Rite Écossais n’est qu’une gérontologie autoritaire, anonyme, absolue, ayant la prétention d’imposer non seulement des discours plus ou moins arbitraires, mais de véritables dogmes sans rapport avec les tendances actuelles de la Maçonnerie active et intelligente ». Divers membres du Suprême Conseil réagissent à ces critiques. Le Suprême Conseil est sous tension. Les Frères sont de plus en plus nombreux à lui reprocher son inactivité, la non application des Règlements généraux et l’absence de compte rendu financier. Des Vénérables Maîtres parisiens se mobilisent contre ces dysfonctionnements, proposent de modifier les rituels, d’élire les dirigeants, de revoir la notion de Grand Architecte de l’Univers. Certains exigent le droit de débattre de politique et de religion et vont jusqu’à envisager la création d’une Grande Loge.

Le Grand Commandeur Viennet décède le 10 juillet 1868 dans sa propriété du Val-Saint-Germain, commune dont il était maire depuis 1830. Le T.Ill.F. Bénédict Allegri lui succède et le T.Ill.F. Adolphe Crémieux[5] devient Lieutenant Grand Commandeur. C’est le 17 août qu’est organisée la fête funèbre à la mémoire du Grand Commandeur Viennet. Elle est présidée par le nouveau Grand Commandeur – Grand Maître Allegri. Une députation du Grand Orient ayant à sa tête le Frère Galibert, membre du Conseil de l’Ordre assiste à la cérémonie. Mais l’année suivante, plus précisément le 8 mars 1869, le T.Ill.F. Allegri, en raison de son grand âge (79 ans), donne sa démission de Grand Commandeur. Il est nommé Grand Commandeur honoraire, Adolphe Crémieux est élu Grand Commandeur Grand Maître et le baron Taylor Lieutenant Grand Commandeur.

 

2 – Le début de la troisième République

Le désastre de Sedan le 1er septembre 1870, défaite des troupes françaises face aux prussiens, entraine  la chute de Napoléon III et conduit à la proclamation de la république à Paris par Gambetta le 4 septembre 1870. Cette république durera 70 ans mais ses premières années seront laborieuses. Les républicains constituent aussitôt le gouvernement de la défense nationale qui reste dans Paris assiégé. Gambetta signe avec Bismarck le 28 janvier 1871 un armistice difficilement accepté par les Parisiens et prévoyant l’élection d’une assemblée nationale. Celle-ci est effectivement élue le 8 février au terme d’une élection qui met en présence les partisans de la paix et ceux de la guerre. Les monarchistes, partisans de la paix, l’emportent largement. Thiers est nommé chef du pouvoir exécutif par l’assemblée nationale et conclut la paix avec l’Allemagne par le traité de Frankfort le 10 mai. La guerre de 1870 a profondément marqué la capitale qui a subi un siège très éprouvant associé à une grave famine. La tension est montée dans Paris au sein du petit peuple et les dernières décisions de l’assemblée nationale royaliste et pacifiste ont contribué à aggraver le mécontentement. La révolte éclate le 18 mars 1871 lorsque Thiers tente de confisquer les 227 canons de la garde nationale entreposés sur la butte Montmartre. Les combats entre les « versaillais » (troupes régulières) et les insurgés « communards » sont d’une extrême violence et se terminent par une semaine sanglante (21 au 28 mai 1871). Les pertes chez les communards sont estimées à une dizaine de milliers. On procède à 40000 arrestations et à 13500 condamnations dont 7500 déportations en Nouvelle Calédonie. Trois mois plus tard, le 31 août 1871, Adolphe Thiers, Chef du pouvoir exécutif, se voit attribuer par l’assemblée nationale le titre de premier Président de la troisième République française.  Il démissionne le 24 mai 1873 et est aussitôt remplacé par le général Patrice de Mac-Mahon, un légitimiste partisan d’un ordre moral fondé sur l’encouragement des valeurs religieuses.

La Commune de Paris (mars à mai 1871)
Réaction insurrectionnelle parisienne à la défaite française de la guerre franco-prussienne de 1870

Pendant ces premières années de la troisième République les Frères des deux Obédiences maçonniques, S.C.D.F. et G.O.D.F., très attentifs à leurs Frères, à leurs concitoyens et aux aspects économiques et sociaux associés étaient, pour la plupart, impliqués dans les évènements. Mais la maçonnerie a été considérablement affaiblie par la défaite militaire française de 1870 dans la guerre franco-allemande, la commune, la crise économique et les déceptions politiques consécutives à la victoire électorale des monarchistes. Les effectifs du G.O.D.F. ont fondu de plus de 15% en cinq ans dans les ateliers symboliques et de 50% dans les hauts grades. Puis, les progrès électoraux des républicains vont entraîner une politisation des Loges. De nombreux maçons deviennent députés ou sénateurs et occupent des postes de Conseillers municipaux. Les grandes lois démocratiques et scolaires ont été l’objet de débats dans les ateliers du G.O.D.F. et répondent aux vœux des Loges.

Les ateliers du Suprême Conseil ne sont pas insensibles à ces sujets, mais pour l’heure d’autres débats sont également à l’ordre du jour : la démocratisation du Rite et la référence au Grand Architecte de l’Univers. Au cours de la séance du samedi 29 mars 1873 de la Grande Loge Centrale de France[6], le T.Ill.F. Pierre-Antoine-Frédéric Malapert[7], Grand Orateur du S.C.D.F., déplore l’affaiblissement des Obédiences suite à la guerre. Mais le Frère Joseph-Charles Boyetet de Bagnaux[8] déclare quant à lui que si les Loges se dépeuplent, c’est que la Maçonnerie, en maintenant le dogme du Grand Architecte de l’Univers, s’oppose à la science. Il invite le Suprême Conseil à rompre, si nécessaire, avec les autres Suprêmes Conseils pour s’appuyer sur les Grands Orients.

 

3 – Le Convent de Lausanne

L’année 1875 est marquée par le convent des Suprêmes Conseils écossais réunis à Lausanne du 6 au 22 septembre. La convocation d’un convent universel faisait partie des possibilités prévues par le Traité d’Union, d’Alliance et de Confédération maçonnique de Paris de 1834. Le choix final du pays organisateur s’était finalement et naturellement porté sur le dernier Suprême Conseil en date, celui de Suisse, en retenant la date du premier lundi de septembre 1875.

Adolphe CRÉMIEUX (1796 – 1880)
Commandeur du S.C.D.F. (1869 – 1880)

Le Convent de Lausanne réunissait 11 délégations[9] : France (1804), Italie[10] (1805), Belgique[11] (1817), Irlande (1826), Pérou[12] (1830), Angleterre[13] (1845), Ecosse[14] (1846), Colon/Cuba[15] (1859), Portugal[16] (1869), Hongrie[17] (1871), Grèce[18] (1872), Suisse (1873). Les travaux de la séance inaugurale sont ouverts par le Très Puissant Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de Suisse, le T.Ill.F. Jules Besançon, 33e, assisté de ses Officiers. Le Suprême Conseil pour la France était représenté par les TT. Ill. FF. Adolphe Crémieux[19], Grand Commandeur, Georges Guiffrey, Grand Chancelier, Jules Le Batteux, Grand Secrétaire, François Delongray, Eugène Barré et Louis Jousserandot. Plusieurs décisions importantes sont prises par les participants au convent :

  • révision des Grandes Constitutions de 1786,
  • approbation d’un manifeste incluant une « Déclaration de principes » rédigée par le Grand Commandeur français Crémieux conciliant à la fois l’affirmation d’un Principe créateur et le respect de la liberté de conscience,
  • maintien de la devise universelle des Suprême Conseils « Deus Meumque Jus », avec la possibilité d’y adjoindre une devise nationale de son choix. Le Suprême Conseil de France choisit « Liberté – Egalité – Fraternité »,
  • tenue régulière de Conférences Internationales (tous les dix ans à partir de 1878).

Sur proposition de la France, est dressée une liste des Juridictions des Suprêmes Conseils en amitié (dont la régularité est reconnue) : Etats-Unis d’Amérique (Nord), Etats-Unis d’Amérique (Sud), Amérique Centrale, Angleterre-Pays de Galles et Dépendances, Belgique et Hollande, Canada, République du Chili, Colon, Ecosse, Etats-Unis de Colombie, France et ses dépendances, Royaume de Grèce et les îles sous sa domination, Royaume de Hongrie, Irlande, Italie-Sicile et autres îles Italiennes, Etats-Unis de la République Mexicaine, République Péruvienne, Portugal et ses colonies, République Argentine, Confédération Suisse, République orientale de l’Uruguay, Etats-Unis du Venezuela.

Les Suprêmes Conseils présents et représentés s’engagent à ne reconnaître qu’un seul Suprême Conseil par Juridiction. Ils refusent aux Grands Orients le droit de conférer des hauts grades mais chaque Suprême Conseil peut tolérer dans le pays de sa juridiction des visiteurs qui auraient été élevé à de hauts grades par d’autres « Obédiences » de ce pays et à régulariser ceux qui les auraient obtenus irrégulièrement.

Lors de la Fête solsticiale d’hiver, le Grand Chancelier Georges Guiffrey (dit Guiffrey fils) présente un rapport très positif sur le Convent de Lausanne en mettant en avant le maintien de la référence au Grand Architecte de l’Univers. Le Grand Orient, furieux des décisions adoptées à Lausanne, n’est pas représenté à cette Fête solsticiale. Son Conseil de l’Ordre a déjà demandé au Grand Collège des Rites[20] dans sa séance du 11 décembre 1875, un examen du Mémorandum publié par le Suprême Conseil du Rite écossais sous le n°45 (3e trimestre de 1875) et appelle en particulier son attention sur l’article 18 de ce document qui règle les rapports des Suprêmes Conseils avec les différents corps maçonniques et avec les FF\ appartenant à d’autres obédiences.

Le rapport du Grand Collège des Rites manifeste clairement son mécontentement et termine son analyse en proposant au Conseil de l’Ordre de décider[21] :

  • « 1° Que tous rapports officiels cesseront entre le Grand Orient de France et les Suprêmes Conseils qui persisteront dans les résolutions prises à Lausanne.
  • 2° Que, particulièrement, tous rapports officiels entre le Grand Orient de France et le Suprême Conseil de France, ainsi qu’entre leurs ateliers respectifs cessent dès ce jour et cesseront, jusqu’à ce que ledit Suprême Conseil ait fait la déclaration authentique que, en ce qui le concerne, les résolutions du Congrès de Lausanne ne s’appliqueront pas au Grand Orient de France, auquel il reconnaît la légitime possession du Rite écossais et le droit, par conséquent, d’en conférer les grades depuis le 1er degré jusques et y compris le 33e.
  • 3° Que, néanmoins, les maçons de notre obédience restent libres de fréquenter les Ateliers du Suprême Conseil ;

Que nos Ateliers de tous les degrés sont autorisés et au besoin invités à recevoir fraternellement les maçons du Suprême Conseil, les rapports officiels seuls étant interdits entre les Ateliers des deux obédiences ;

Que ceux de nos frères qui se verraient contester les grades dont ils sont revêtus, par un Atelier du Suprême Conseil de France, ou qui n’y seraient admis que par tolérance, devront en informer le Grand Orient de France qui avisera. »

Aux Etats-Unis, le Grand Commandeur de la Juridiction Sud, Albert PIKE, est mécontent : il proteste contre la décision du Convent de reconnaître au Suprême Conseil de France le droit de juridiction territoriale sur les îles Sandwich[22]. Cette affaire le conduira à suspendre ses relations d’amitié avec le Suprême Conseil de France ; celles-ci ne seront rétablies qu’en 1887[23]. Par ailleurs il refuse, ainsi que les Suprêmes Conseils de la juridiction Nord des Etats-Unis, d’Ecosse et de Grèce la définition du Grand Architecte de l’Univers adoptée à Lausanne.

Deux ans plus tard, en septembre 1877, se réunissent à Edimbourg les juridictions sud des Etats-Unis, d’Irlande, d’Ecosse, de Grèce et d’Amérique centrale. Elles rédigent une autre Déclaration de principe qui proclame « nécessaire et fondamentale la croyance en l’existence de Dieu vrai et vivant » mais « laissant à chacun le soin d’adorer Dieu dans la forme qu’il juge en sa conscience devoir lui être le plus agréable ».

Le Convent de Lausanne ne peut donc pas être considéré comme un succès puisque chacun va devoir repréciser sa position. En 1879, le T.Ill.F. Antoine Amberny, Grand Commandeur de Suisse, fait savoir au Suprême Conseil de France qu’il accepte la formulation du Suprême Conseil d’Angleterre : « La Franc-Maçonnerie proclame, comme elle a proclamé, dès son origine, l’existence de Dieu, le Grand Architecte de l’Univers et l’immortalité de l’âme. » Le Suprême Conseil de France accepte finalement cette formulation…dans l’attente du prochain Convent international qui était prévu en 1878 mais qui sera reporté en octobre 1881 à Turin.

 

4 –Vers une dissidence des Loges symboliques du Suprême Conseil de France

Le Suprême Conseil organise la fête, mais en interne les ateliers sont toujours sous tension. L’ambiance est tendue et conflictuelle. Les revendications se multiplient. La première section insiste pour que son Président ne soit plus délégué par le Suprême Conseil mais élu. Le Suprême Conseil tient bon sur ce point mais cède à la demande d’élection annuelle (au lieu de trois ans) des officiers des trois sections. Paul Goumain-Cornille, nouveau Vice-Président de la première section, demande au nom de La Justice 133, l’élection d’une commission chargée d’établir un projet de constitution, établissant l’autonomie des Loges et instituant un pouvoir intermédiaire. Il ne serait soumis au Suprême Conseil qu’à fin de promulgation. La colère gronde au sein de la première section. Une planche circulaire du 15 avril met l’accent sur la crise de l’Écossisme, l’absence de contrôle des Loges sur les finances du Rite et une réglementation excessive qui condamne « fatalement à une immobilité mortelle ». Le Suprême Conseil suspend, le 12 mai 1879, pour deux ans les Frères signataires de la planche circulaire du 15 avril, adressée sans autorisation et au contenu « calomnieux dans le fond ». Il démolit La Justice 133 pour publication illégale et mensongère de deux brochures. De leur côté, les Frères Bibal, Goumain-Cornille, Mesureur, Friquet et Dubois fondent un comité d’initiative pour la formation d’une Grande Loge Symbolique Écossaise « sous l’Obédience du Suprême Conseil ou provisoirement en dehors de son Obédience » qui est présentée comme l’héritière de la Grande Loge Nationale de 1848. Après plusieurs semaines de discussions entre le Comité scissionniste, la Commission administrative du S.C.D.F. et le Suprême Conseil, le Grand Commandeur Crémieux prend plusieurs décisions :

  • Il raye des contrôles du Rite les dirigeants de l’opposition,
  • Il suspend pour six mois la Loge Les Hospitaliers de Saint-Ouen N°135 pour écrits diffamatoires à l’encontre du T.Ill.F. Jules Simon,
  • Il invite enfin tous ses Ateliers symboliques à formuler sous six mois, leurs vœux relativement aux modifications qu’ils souhaiteraient voir apporter aux Règlements Généraux. Une Commission ad hoc de dix membres sera chargée d’en assurer une synthèse pour discussion en Grande Loge Centrale avant présentation au Suprême Conseil pour décision.

Le décès à quelques mois d’intervalle du T.Ill.F. baron Taylor le 6 septembre 1879 et du T.Ill.F. Crémieux le 10 février 1880 conduit à un changement de gouvernance du Suprême Conseil. Le T.Ill.F. Emmanuel Arago est d’abord nommé Lieutenant Grand Commandeur, mais soucieux de sa carrière politique, refuse de se porter candidat au poste de Commandeur lors du décès du T.Ill.F. Crémieux. C’est le T.Ill.F. Louis Proal[24] qui devient le nouveau Grand Commandeur. Il se trouve immédiatement confrontés à une situation nouvelle avec la fondation le 24 mars 1880 de la Grande Loge Symbolique Ecossaise (G.L.S.E.) à partir d’un noyau de 12 loges détachées de la Grande Loge Centrale[25]. Lors de la tenue inaugurale de la G.L.S.E., le 26 mars 1880, le Grand Maître Louis Paul Goumain-Cornille[26], dans son discours, rappelle les principes fondamentaux de la nouvelle Obédience : aux Suprêmes Conseils l’administration des Hauts grades, aux Grandes Loges le gouvernement des ateliers symboliques. La Grande Loge Centrale, poursuivant son travail de révision des Règlements Généraux, adopte le rapport de sa « Commission des Vœux » qui après approbation du Suprême Conseil servira de base à l’élaboration des nouveaux Règlements Généraux de l’Obédience. Ces derniers sont adoptés en 1881 par le Suprême Conseil et promulgués. Ils autorisent les trois sections de la Grande Loge Centrale à élire désormais leurs Présidents.

Au sein de la G.L.S.E., certaines Loges approuvent le principe de l’initiation des femmes mais ne sont pas encore en mesure de la mettre en œuvre. Mais la Loge « Les Libres Penseurs » du Pecq[27] prend les devants et proclame son autonomie le 9 janvier 1882 afin d’initier au Rite Écossais ancien et Accepté, le 14 janvier 1882, Maria Deraismes[28], journaliste et militante féministe. Cette transgression des règles de la maçonnerie traditionnelle ouvre la voie à l’initiation féminine et à l’égalité initiatique de l’homme et de la femme à une époque de volonté d’émancipation intellectuelle et sociale de la femme.

Georges MARTIN (1844 – 1916)
Un des fondateurs de la G.L.S.E. puis du Droit Humain

En 1884, le S.C.D.F. regroupe 5 Aréopages, 18 Chapitres et 71 Loges (dont 19 en région parisienne, 5 en Algérie, 1 en Guyane et à la Martinique) et quelques autres à l’étranger (Cadix, Séville, Saint-Thomas, Honolulu…)[29]  soit environ 3500 Frères. La Grande Loge Symbolique Écossaise, quant à elle, regroupe désormais 1265 Frères[30]. Lors de la Fête de l’ordre du 27 décembre 1885,  le Grand Orient de France et le Rite de Misraïm sont représentés. Il en est de même en 1886, mais cette fois dans les nouveaux locaux du S.C.D.F., au N°42 de la rue Rochechouart. Pour la fête de l’ordre du 21 décembre 1887, on note la présence des délégations de la Grande Loge Symbolique Ecossaise (les FF. Mesureur[31], Goumain-Cornille et Georges Martin[32]), du Grand Orient de France et du Rite de Misraïm. L’année suivante, comme suite normale au rapprochement de la Grande Loge Centrale avec la Grande Loge Symbolique Ecossaise, le Suprême Conseil échange des garants d’amitié avec cette dernière. En 1889, Emmanuel Arago, considérant que sa situation d’Ambassadeur de la République Française à Berne ne lui permet pas de participer aux travaux du Suprême Conseil, donne sa démission de sa fonction de Lieutenant Grand Commandeur. Il est remplacé dans cette fonction par le T.Ill.F. Claude Gonnard.

Le T.Ill.F. Albert Pike, Grand Commandeur du Suprême Conseil de la Juridiction Sud des Etats-Unis d’Amérique, est nommé membre honoraire du Suprême Conseil de France. L’attribution de cette dignité au Commandeur du 1er Suprême Conseil de notre planète confirme les liens d’amitié qui unissent à nouveau les deux Suprêmes Conseil depuis 1887. Le T\Ill\F\ Albert Pike décèdera moins de deux années plus tard, le 2 avril 1891 à Washington. A cette époque, le S.C.D.F. compte près de 4000 Frères avec 77 Loges, 22 Chapitres et 8 Aréopages.

Depuis son initiation en 1882, Maria Deraismes a continué son combat en faveur de l’initiation des femmes. Avec le soutien de Georges Martin, elle fonde en France en 1893 une nouvelle forme de maçonnerie, mixte, avec le titre de Grande Loge Symbolique Écossaise Le Droit Humain dans le but d’introduire les femmes dans les Loges. Le Suprême Conseil, sollicité d’entrer en relation avec ce nouveau corps, répond par un refus.

5 – La création de la Grande Loge de France

A l’initiative du F. Wellhoff, ancien Vénérable Maître de la Loge Le Libre Examen à l’Orient de Lille, les huit Loges du Nord demandent au Suprême Conseil la convocation d’un Convent annuel en vue de prendre connaissance du rapport financier et de fixer le montant de la capitation. N’obtenant pas immédiatement satisfaction elles prennent la décision de s’auto-administrer et de convoquer avant la fin du mois de novembre 1894 un Congrès régional pour fixer le montant de leurs capitations. Prenant modèle sur d’autres Obédiences, elles insistent sur l’importance pour la Maçonnerie Écossaise de la notion d’autonomie des Loges. Face à une pression qui s’étend, le Suprême Conseil cède sur le principe le 21 juin et accepte que les Loges symboliques s’administrent par elles-mêmes ou par délégation. Il convoque en conséquence un Congrès avant la fin du mois de novembre 1894 pour fixer le montant de l’impôt de capitation et formuler « les lois organiques qui seront applicables aux Loges symboliques » et considérant que chaque Loge disposera d’un Député pour cinquante membres et par fraction de cinquante membres.  Le 22 août, l’indépendance administrative étant accordée, le Suprême Conseil délègue ses pouvoirs à une commission administrative élue par les députés.

Gustave MESUREUR (1847 – 1925)
Un des fondateurs de la G.L.S.E. Sera trois fois Grand Maître de la G.L.D.F. entre 1903 et 1925

En même temps, s’ouvrent des négociations entre des responsables des deux rites écossais de la Grande Loge Centrale et de la Grande Loge Symbolique Écossaise. Cette dernière, devenue constitutionnellement Grande Loge Symbolique de France (G.L.S.F.), décide sur une suggestion de Mesureur de proposer à ses ateliers la réunification de l’Écossisme par fusion des ses Loges avec celles du Suprême Conseil, donc de la Grande Loge Centrale qui comprend 234 Loges dont près d’une vingtaine en sommeil depuis 1891. Les députés de la G.L.S.F., réunis le 8 octobre 1894 se prononcent à l’unanimité moins 3 voix en faveur de cette proposition. Les FF. Wellhoff et Mesureur vont animer la commission chargée de préparer ce projet de fusion qui devrait regrouper près de cent Loges et 5200 Frères. Du côté du Suprême Conseil, le Congrès des Loges symboliques se tient du 7 au 9 novembre 1894. Les délégués se prononcent en faveur de l’autonomie par 50 vois pour, 8 contre et 2 abstentions. Le Suprême Conseil, par décret lu en début de séance du 7 novembre 1894 et en vertu de l’article 6 des Grandes Constitutions, accepte que les Loges symboliques forment une Fédération s’administrant elle-même et fixe un certain nombre de conditions :

« ARTICLE PREMIER. – Les Ateliers du 1er au 3e degré, placés sous l’Obédience du Sup\ Cons\, forment, sous le nom de GRANDE LOGE DE FRANCE, une Fédération s’administrant elle-même.

« ART.2. – Les relations entre le Sup\ Cons\ et la Grande Loge de France sont réglées d’une manière générale sur les bases suivantes :

« a) La patente de Constitution de tout Atel\ nouveau émane de l’autorité du Sup\ Cons\ ;

« b) Sur la proposition de la Grande Loge de France, le Sup\ Cons\ prononce la création, la mise en sommeil, le réveil, la démolition d’un Atelier ;

« c) Le Sup\ Cons\ délivre le passeport écossais aux Frères de la Fédération, sur la demande et sous la responsabilité de la Grande Loge de France ;

« d) Le matricule de la Grande Loge est communiqué régulièrement au Sup\ Cons\ ;

« e) Une délégation officielle du Sup\ Cons\ ne visite un Atelier qu’après en avoir prévenu le Vén\ M\ ; elle est reçue avec les honneurs traditionnels ;

« f) A la réunion annuelle de la Grande Loge de France, le Sup\ Cons\ fait connaitre le chiffre de la contribution que la Grande Loge est appelée à voter.

« ART.3. – Sont abrogés les articles de Règ\ Gén\ concernant les rapports des Ateliers du 1er au 3e degré avec le Sup\ Cons\ et notamment les articles qui concernent la Grande Loge Centrale et le Conseil d’administration.

« ART.4. – La présente organisation entrera en vigueur à partir du premier janvier 1895.

Mais certains attendus du décret provoquent un tollé qui conduit le Suprême Conseil à faire le lendemain deux concessions :

  • La Grande Loge décidera de l’ouverture ou de la fermeture d’une Loge et le SC délivrera la patente,
  • La formulation « A la Gloire du Grand Architecte de l’Univers »[33] ne sera pas imposée et ne figurera pas sur les actes et diplômes de la Grande Loge.

Le 9 novembre est consacré aux questions administratives, financières et aux relations inter obédientielles. Les décisions adoptées devront être ratifiées par les Loges avant le 15 février 1895 et une commission mixte Suprême Conseil – Grande Loge de France est chargée de rédiger la Constitution et les Règlements généraux de la nouvelle Obédience. La création de la Grande Loge de France est officialisée en Assemblée générale des Loges symboliques du Suprême Conseil le 23 février 1895. Le pouvoir exécutif est assuré par un Conseil fédéral de neuf membres élus. Il choisit le 25 février 1895 son premier Grand Maître, Etienne-Antoine Guillemaud, récemment promu au 33e degré. Le projet de Constitution, élaboré par le Conseil fédéral, est adopté le 12 mai 1895. Le 17 juin, la Grand Loge de France fait savoir que les travaux des Loges s’ouvriront « Au nom de la Grande Loge de France et sous les auspices du Suprême Conseil du Rite Ecossais Ancien et Accepté pour la France et ses dépendances ».  Lors de la session de septembre, Adolphe Magnien[34] est élu Grand Maître en remplacement de Etienne-Antoine Guillemaud, sortant.

La nouvelle « Grande Loge de France » travaille « sous les auspices du Suprême Conseil de France » et n’exige pas l’invocation au Grand Architecte de l’Univers. De son côté, elle signifie son existence au Grand Orient de France, lui fait savoir qu’elle s’est donnée une Constitution le 12 mai 1895 et lui propose d’échanger des garants d’amitié.

Les négociations entre la G.L.D.F. et la G.L.S.F. (ex G.L.S.E) qui avaient provisoirement échoué pour des raisons administratives, financières et de locaux, reprennent en août 1895. Elles aboutissent à un protocole d’accord en octobre qui est approuvé le 18 décembre 1896 par les 72 délégués des deux Grandes Loges. Le nouveau Conseil fédéral élu comprend 25 membres dont 7 obligatoirement choisis parmi les Loges de province. Adolphe Magnien qui a succédé en septembre 1895 à Guillemaud en qualité de Grand Maître de la G.L.D.F., est élu Grand Maître de la nouvelle Obédience. Deux Loges Écossaises, Diderot et La Philosophie Sociale ont refusé la fusion et entrent en dissidence, la Loge Diderot prétendant assurer la survie de la G.L.S.E avec le renfort d’une fraction de La Jérusalem Écossaise. Cette G.L.S.E. 2 ne sera pas reconnue par la G.L.D.F.

Commence alors en France une longue période qui durera près de vingt années et qui verra grandir les querelles entre l’Église et les partis politiques attachés à la défense de la laïcité. Les Francs-Maçons de France et en particulier les Écossais ne seront pas absents des débats et resteront soudés.

 

[1]  RÉAA – Tableau général des Maç\ et des at\ des divers deg\ en activité sous l’Obédience du Sup\ Conseil du Rite Écoss\ Anc\ Accep\ pour la France et ses dépendances, 1er avril 1864, ère vulgaire

[2] Le général d’infanterie Emile Henry MELLINET (1798 – 1894) fut le successeur du général MAGNAN en qualité de Grand Maître du G.O.D.F. de 1865 à 1870. Il sera consacré 33e degré du RÉAA le 9 décembre 1865 par le Grand Collège des rites.

[3]  Ibid 18

[4]  La Loge parisienne connue sous le nom Écossaise 133 est une Loge du Suprême Conseil fondée en 1853 sous le titre distinctif « Saint-Vincent de Paul » et le N° matricule 133. Elle a pris le nouveau titre distinctif « La Justice » en 1869. Elle sera mise en sommeil en 1874, sera réveillée en 1876 puis à nouveau en sommeil en 1879 avant de se reconstituer dans le cadre de la Grande Loge Symbolique Ecossaise (G.L.S.E.) en 1880.

[5] Isaac Adolphe CREMIEUX est né à Nimes le 22 avril 1796. Avocat, il fut député de 1842 à 1848, membre du gouvernement provisoire du 24 février au 7 juin 1848, représentant du peuple aux Assemblées constituante et législative de 1848-1849, député au Corps législatif de 1869 à 1870, membre du gouvernement de la Défense nationale du 4 septembre 1870 au 17 février 1871 et ministre de la Justice de septembre 1870 à février 1871, député du département d’Alger de 1872 à 1875 et sénateur inamovible de 1875 à sa mort. Il fut initié Franc-Maçon en 1818 dans la Loge  du G.O.D.F. Bienfait anonyme à l’orient de Nimes. Il quitte le Grand Orient pour le Suprême Conseil de France en 1860 au sein duquel il deviendra 33e et Membre actif le 24 juin 1867 puis Souverain Grand Commandeur en 1869. En 1875, il sera le chef de la délégation française du convent international des Suprêmes Conseils réunis à Lausanne. Il est décédé le 10 février 1880 à son domicile du XVIe arrondissement à Paris et repose au cimetière du Montparnasse.

[6]  André Combes, Histoire de la Franc-Maçonnerie au XIXe siècle, tome 2, p. 172, Ed. Du Rocher 1999

[7]  Pierre-Antoine-Frédéric MALAPERT (1815-1890), Avocat, Professeur de droit et homme politique, Grand Orateur du S.C.D.F.

[8]  Joseph-Charles BOYETET de BAGNAUX (1831-1892), chef de cabinet puis directeur de cabinet du ministre du commerce (1879), conseiller d’Etat en service extraordinaire, directeur du secrétariat et de la comptabilité (1880), chef de cabinet du ministre (1882)

[9] Le Monde Maçonnique rapporte en 1873, p. 723 qu’à cette date il y aurait 37 Suprêmes Conseils dans le monde dont deux en France, trois aux Etats-Unis et au Mexique, quatre en Italie, deux en Espagne, deux au Brésil.

[10]  Représentant du Supr\ Cons\ pour l’Italie : le T\ Ill\ F\ Timothée Riboli, ainsi que le T\ Ill\ F\ David Lévi de la 7e séance du 16 septembre à la 10e séance du . Le T\ Ill\ F\ Riboli quitte le Convent après la 7e séance du 16 septembre

[11]  Représentants du Supr\ Cons\ pour la Belgique : les TT\Ill\ FF\ H.-J. Pappaert, E. Cluydts, P.-C. De Bie.

[12]  Représenté par le T\ Ill\ F\ Amberny du Sup\ Cons\ de Suisse à partir de la 5e séance du 15 septembre.

[13]  Représentants du Supr\ Cons\ d’Angleterre : les TT\Ill\FF\ J.-M.-P. Montagu, K. Hamilton, H.-D. Sandeman.

[14]  Représentant du Supr\ Cons\ pour l’Écosse : le T\ Ill\ F\ L. Mackersy également considéré comme délégué de la Grèce. Rappelé chez lui, il sera absent du Convent à partir de la 3e séance du 9 septembre.

[15]  Représentants du Sup\ Cons\ de Colon : le T\Ill\ F\ D.- E. Pierre, reconnu comme tel  lors de la 2e séance du 7 septembre, ainsi que le T\ Ill\ F\ Benjamin Odio reconnu lors de la 3e séance du 9 septembre.

[16]  Représenté par le T\ Ill\ F\ Amberny du Supr\ Cons\ de Suisse à partir de la 5e séance du 15 septembre.

[17]  Représentant du Sup\ Cons\ de Hongrie : le T\ Ill\ F\ Eugène Baud, absent pour la 3e séance du 9 septembtre.

[18]  Représenté par le T\ Ill\ F\ Mackersy du Supr\ Cons\ d’Écosse

[19]  Le T\Ill\F\ Adolphe Crémieux, souffrant, n’arrivera que pour la 10e séance du 21 septembre et participera donc aux deux dernières séances du convent.

[20]  Rapport du Grand Collège des Rites au Conseil de l’Ordre sur le Congrès de Lausanne, Bulletin du Grand Orient de France, 32e année – septembre 1876 – N°7

[21] Le rapport sera adopté dans son ensemble par le Conseil de l’Ordre dans sa séance du 28 août 1876.

[22] Le roi des îles Sandwich est Frère de la Loge Le Progrès de l’Océanie, fondée en 1851 par le Suprême Conseil, à l’Orient d’Honolulu.

[23] Le 11 juillet 1887, le Grand Commandeur du Suprême Conseil de France, Louis PROAL, reçoit solennellement Henri BUIST, Grand Chancelier de la Juridiction Sud des Etats-Unis.

[24] Louis PROAL (1843 – 1900), Ingénieur civil, Fondateur de l’Association philotechnique, Conseiller à la Cour d’Appel d’Aix, Lauréat de l’Institut, Chevalier de la Légion d’Honneur. Il est inscrit à la matricule du S.C.D.F. sous le N° 7087,  33e et agrégé en qualité de membre actif du Suprême Conseil depuis le 28 décembre 1872, Grand Porte Etendard.

[25] A l’origine, la G.L.S.E. comprend 666 membres et 12 ateliers : Paris : La Jérusalem Écossaise N°99, La Justice N°133,  Les Vrais Amis Fidèles N°137, La Ligne Droite N°146, Le Héros de l’Humanité N°147, Union et Bienfaisance N°187, La Franche Union N°189 ; Saint-Ouen : Les Hospitaliers de Saint-Ouen N°135 ; Le Havre : l’Olivier Écossais N°38 ; Saintes : La Sincérité N°224; Lyon-Vaise : Les Amis de la Vérité N°89 ; Alexandrie : L’Écossaise N°166. D’autres Loges issues de la Grande Loge Centrale vont rejoindre ce premier noyau (Osiris, La Liberté Maçonnique, Les Amis des Hommes, Les Sept Écossais réunis…) faisant passer ses effectifs à 933 FF en 1881 puis à 1265 en 1884.  

[26] Louis Paul GOUMAIN-CORNILLE, né le 3 mars 1846 à Paris (1er), Avocat, premier Grand Maître de la G.L.S.E., en 1880, puis à nouveau en 1884 et 1890.

[27] Commune située à 19 Km à l’ouest de Paris, au pied du Château de Saint-Germain-en Laye.

[28] Plus tard, Maria DERAISMES (1828 – 1894) aidée de Georges MARTIN, l’un des fondateurs de la G.L.S .E., procédera à l’initiation de 16 femmes le 14 mars 1893, les passera compagnonnes le 24 mars, les élèvera à la maîtrise le 1er avril et fondera le 4 avril 1893 la « Grande Loge Symbolique Ecossaise mixte de France : le droit humain ». Elle en sera la Vénérable maîtresse tandis que Georges Martin sera l’Orateur.

[29] André Combes, Histoire de la Franc-Maçonnerie au XIXe siècle, tome II, p.185, Ed. du Rocher, 1999.

[30] André Combes, Histoire de la Franc-Maçonnerie au XIXe siècle, tome II, p.187, Ed. du Rocher, 1999.

[31] Gustave MESUREUR (1847 – 1925), Dessinateur, homme politique français, député de Paris, ministre du commerce et des postes, vice président de la Chambre des députés, créateur du parti Radical en 1901, Directeur de l’Assistance Publique de 1902 à 1920, maire de la Celle-Saint-Cloud de 1912 à1919. Initié en 1869 au sein de La Justice 133 de la Grande Loge Centrale.

[32] Georges MARTIN (1844 – 1916), médecin, homme politique et Franc-Maçon français (initié en 1879). Fut un des créateurs de la Grande Loge Symbolique Écossais en 1880. Il assista à l’initiation de Maria Deraismes le 14 janvier 1882. Avec elle, il fonda en 1893 une première Loge mixte : La Grande Loge Symbolique Ecossaise « Le Droit Humain » qui sera la base de la création de l’Ordre mixte international « Le Droit Humain ». En 1901, il crée le Suprême Conseil Universel Mixte « Le Droit Humain »

[33] La majorité des maçons écossais sont considérés comme anticléricaux et souvent antireligieux.

[34] Adolphe MAGNIEN (1836-1914), Conseiller général d’Autun, député radical puis sénateur, Vénérable de la Loge Vigilance et Patrie N°270 à l’Orient d’Autun.